20/05/2022
du Dr Auguste
Variole du Singe
La variole du singe, ou orthopoxvirose simienne (monkeypox en anglais), est une zoonose due à un virus (famille poxviridiae) du même genre orthopoxviridae que celui de la variole humaine.
Elle sévit essentiellement dans les forêts du centre de l'Afrique tropicale. Le virus, enzootique dans les forêts ombrophiles d'Afrique centrale et occidentale, peut se transmettre à l'humain et causer un syndrome dont les manifestations cliniques sont analogues à celles de la variole (éruption pustuleuse, fièvre, symptômes respiratoires entraînant parfois la mort). La maladie peut être grave dans certains cas, causant des décès chez 1 % (variant ouest-africain, pas de transmission interhumaine connue à ce jour) ou 10 % (variant centre-africain, transmission interhumaine possible) des malades en Afrique[5], la plupart chez les enfants, qui sont plus sensibles à la maladie, et les personnes immunodéprimées. La plupart des patients se rétablissent avec des soins appropriés. La vaccination contre la variole humaine confère une protection efficace contre l'infection, allant jusqu’à 85 %[6]. Les deux maladies peuvent être confondues et il n'existe pas de diagnostic différentiel clinique. Seule l'analyse en laboratoire permet de déterminer le virus à l’origine de l’infection.
Les chercheurs supposent que la transmission initiale se fait par contact direct ou indirect avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses de singes ou de rongeurs sauvages infectés. La consommation de viande pas suffisamment cuite est également considérée comme un risque possible. Entre humains, la transmission peut résulter de contacts étroits avec des sécrétions infectées des voies respiratoires, des lésions cutanées d’un sujet infecté ou d’objets récemment contaminés par des liquides biologiques ou des matières provenant des lésions d’un patient. Selon l’OMS, la transmission se produit principalement par les particules des gouttelettes respiratoires et nécessite en général un contact face à face prolongé. Elle peut également survenir par inoculation ou par voie placentaire (orthopoxvirose simienne congénitale)[7].
Les premiers cas humains ont été décrits en 1970 en République démocratique du Congo. Le nombre de cas et d'épidémie semble augmenter en Afrique depuis 2000, probablement avec l’interruption de la vaccination antivariolique qui assurait une protection croisée contre la variole du singe. En 2022, près d'une centaine de cas sont détectés en Europe et en Amérique du Nord.
Historique
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Découverte chez le singe
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Le virus de la variole du singe a été découvert en 1958, isolé à partir des lésions d'une éruption généralisée survenue chez des singes en captivité (Institut de Sérologie d'État de Copenhague, au Danemark). La découverte étant une menace potentielle pour l'éradication de la variole humaine, une longue enquête de surveillance a été menée par l'OMS en Europe et aux États-Unis. On a pu ainsi observer une dizaine d'épidémies de variole du singe chez les singes en captivité (animalerie de laboratoire et zoo) surtout chez les macaques (de l'espèce macaca cynomolgus ou fascicularis), les orang-outans étant très sensibles (décès avant l'éruption)[8].
Ces épidémies ont cessé après 1968, avec l'amélioration des conditions de transport des singes importés, et une plus grande utilisation en laboratoire des singes nés en captivité. Les singes malades étaient importés d'Asie, mais les études révèlent qu'ils ont dû être infectés durant le transport, en contact avec d'autres singes ou autres animaux sauvages importés, et que l'habitat naturel du virus se trouve plutôt en Afrique[8].
Découverte chez l'humain
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Le premier cas humain a été découvert en 1970, à l'hôpital de Basankusu (République démocratique du Congo, ex-Zaïre). Il s'agissait d'un enfant d'un village de la région. L'hôpital de Basankusu couvre une large zone rurale dont la population était estimée à 62 000 habitants en 1970, en majorité petits agriculteurs et chasseurs-cueilleurs regroupés en petits villages situés à la lisière de forêt tropicale humide. Ce cas a été détecté dans des échantillons biologiques étudiés dans le cadre de la surveillance OMS de la variole (réseau international de laboratoires de référence, en l'occurrence celui de Moscou)[9].
Épidémies occasionnelles
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En Afrique
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D'autres cas surviennent dans les années qui suivent en Afrique de l'Ouest (Liberia, Sierra Leone, Nigeria, Côte d'Ivoire...). De 1981 à 1988, on compte de 300 à 400 cas survenus en Afrique centrale et de l'ouest, presque tous des cas isolés[10],[11]. La plupart des épidémies décrites l'ont été en République démocratique du Congo (RDC) où des foyers naissent régulièrement depuis les années 1980 avec un premier cas en 1970 (1 malade) dans la région de l'Équateur, une épidémie (41 malades) en 1971-1980 et une autre (338 malades) en 1986. Les autres pays africains sporadiquement touchés sont : Cameroun, Gabon, Nigeria, République centrafricaine et Sierra Leone, qui ont connu quelques cas dans les années 1990.
La majorité des épidémies connues surviennent régulièrement en République démocratique du Congo, dans deux provinces (Kasaï Oriental et Équateur) dont celle de 1996-1997 (519 cas), puis en 1999 dans la région de Mbuji-Mayi avec 315 malades, encore une fois la province de l'équateur en 2001 et 2002 avec respectivement 23 et 293 malades et enfin dans la région de Kabinda en 2005 avec 311 personnes malades[12]. En 2005, 19 cas ont été signalés au Sud Soudan dans la région de Bentiu[12]. Jusqu'alors la variole du singe reste une maladie rare en Afrique, particulière à des petites localités en bordure forestière, et paraissant épargner les grandes villes, ce qui le distingue radicalement de ce que fut la variole.
Mi-2007, des épidémies ont encore sévi au Congo-Brazzaville dans la région de Likouala déjà touchée en 2003 (nord-est du pays – frontalière de la RDC), de juin 2007 à fin août 2007, avec presque 80 cas humains[12].
Depuis les années 2010, par rapport aux années 1980, le nombre de cas suspects, probables et confirmés a été multiplié par dix, ce qui reflèterait une réelle augmentation de la maladie et non une amélioration du système de surveillance considéré comme stable depuis 2008[13]. Depuis 2017, plus de trois mille cas ont été notifiés au Nigeria, en République démocratique du Congo et en Centrafrique[14].